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I.​ Introduction

Le schisme oriental ou Grand Schisme, survenu en 1054٫ marque une rupture définitive entre l’Église orthodoxe et l’Église catholique romaine٫ divisant ainsi la chrétienté en deux branches.

A.​ Contexte historique

Le contexte historique du schisme oriental est marqué par la coexistence de deux empires, l’Empire romain d’Orient, également connu comme l’Empire byzantin, et l’Empire romain d’Occident.​ Au Ve siècle, l’Empire romain d’Occident s’effondre, laissant l’Empire byzantin comme seule puissance politique et religieuse dominante. Cela entraîne une concentration du pouvoir à Constantinople, qui devient le centre de la chrétienté orientale.​ Parallèlement, le siège apostolique de Rome conserve son autorité spirituelle sur l’Occident chrétien.​ Cette dualité de pouvoirs préfigure les tensions qui vont conduire au schisme.​

II.​ Les origines du schisme

Les désaccords théologiques, politiques et ecclésiastiques entre l’Église orthodoxe et l’Église catholique romaine précèdent et causent le Grand Schisme de 1054.​

A.​ Les différences théologiques entre l’Église orthodoxe et l’Église catholique romaine

Les divergences théologiques entre les deux Églises portent notamment sur la théologie trinitaire et la procession du Saint-Esprit. L’Église orthodoxe refuse l’ajout du Filioque au symbole de Nicée, considérant que le Saint-Esprit procède uniquement du Père, tandis que l’Église catholique romaine affirme que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils. Cette divergence entraîne des désaccords sur la nature de Dieu et la Trinité.​

B.​ La question du Filioque

L’ajout du Filioque au symbole de Nicée par l’Église catholique romaine en 809 à Aix-la-Chapelle a été perçu comme un acte d’hérésie par l’Église orthodoxe.​ Le terme Filioque, signifiant “et du Fils”, affirme que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils, alors que l’Église orthodoxe maintient que le Saint-Esprit procède uniquement du Père. Cette controverse a entraîné des débats théologiques intense entre les deux Églises, contribuant à la rupture définitive en 1054.​

C.​ La primauté pontificale et l’autorité ecclésiastique

La revendication de la primauté pontificale par le pape de Rome a également contribué au schisme.​ Les patriarches d’Orient, notamment celui de Constantinople, ont refusé de reconnaître l’autorité pontificale du pape, estimant que l’autorité ecclésiastique devait être exercée collégialement par les patriarches.​ Les papes, quant à eux, ont affirmé leur suprématie sur l’ensemble de la chrétienté, entraînant des tensions avec l’Église orthodoxe.​ Cette querelle d’autorité a exacerbé les divisions théologiques et a précipité la rupture entre les deux Églises.​

III.​ Le rôle de Constantinople et de Rome

Les centres ecclésiastiques de Constantinople et de Rome ont joué un rôle clé dans le schisme, leur rivalité politique et théologique ayant précipité la rupture.​

A.​ Le patriarche de Constantinople et l’empire byzantin

Le patriarche de Constantinople, comme chef de l’Église orthodoxe, détient une autorité ecclésiastique considérable.​ L’empire byzantin, dont Constantinople est la capitale, exerce une influence significative sur l’Église orthodoxe.​ Le patriarche est souvent lié à l’empereur byzantin, qui peut intervenir dans les affaires ecclésiastiques.​ Cette proximité entraîne une forme de césaropapisme, où l’État influence la direction de l’Église orthodoxe.​ Cela crée des tensions avec Rome, qui revendique une autorité pontificale supérieure.​

B.​ Le pape de Rome et l’autorité pontificale

Le pape de Rome, comme chef de l’Église catholique romaine, revendique une autorité pontificale universelle.​ Selon la doctrine catholique, le pape est le successeur de saint Pierre et détient une autorité supérieure dans la chrétienté.​ Cette prétention à la suprématie romaine est contestée par l’Église orthodoxe, qui refuse de reconnaître la primauté pontificale de Rome.​ Cette divergence d’opinion contribue au schisme entre les deux Églises, chaque partie revendiquant son autorité ecclésiastique respective.​

IV.​ Le concile de Florence et l’échec de l’union des Églises

En 1439, le concile de Florence tente de réunifier l’Église orthodoxe et l’Église catholique romaine, mais cet effort d’union échoue, malgré les concessions mutuelles.

A. Les négociations et les débats

Les négociations préalables au concile de Florence furent complexes et laborieuses.​ Les délégués de l’Église orthodoxe, menés par le patriarche Joseph II, rencontrent les représentants de l’Église catholique romaine, emmenés par le pape Eugène IV. Les discussions portent sur les points de divergence, notamment la question du Filioque, la primauté pontificale et l’autorité ecclésiastique.​ Les parties cherchent à trouver un compromis, mais les divergences s’avèrent profondes. Malgré cela, les débats sont fructueux et permettent d’établir un texte de compromis, qui sera finalement rejeté par les Grecs.​

B. Les conséquences de l’échec

L’échec du concile de Florence a des conséquences dramatiques pour l’union des Églises.​ La rupture est consommée et le schisme devient définitif.​ Les relations entre l’Église orthodoxe et l’Église catholique romaine se détériorent encore. Les Grecs considèrent que les Latins ont trahi les accords et les promesses faites.​ Les Occidentaux, quant à eux, estiment que les Orientaux ont refusé la main tendue. L’échec du concile entraîne également des conséquences politiques, notamment l’affaiblissement de l’empire byzantin, qui devient de plus en plus vulnérable face aux menaces ottomanes.​

V. Le césaropapisme et les tensions politiques

Le césaropapisme, système où l’empereur byzantin exerce une autorité supérieure sur l’Église orthodoxe, entraîne des tensions politiques avec la papauté de Rome.

A.​ L’influence de l’empereur byzantin sur l’Église orthodoxe

L’empereur byzantin, considéré comme le défenseur de la foi, exerçait une influence considérable sur l’Église orthodoxe. Il nommait le patriarche de Constantinople, convoquait les conciles et intervenait dans les affaires ecclésiastiques.​ Cette situation créait des tensions avec la papauté de Rome, qui revendiquait une autorité supérieure sur l’ensemble de la chrétienté.​ L’empereur byzantin, soucieux de préserver l’unité de l’empire byzantin, cherchait à maintenir un équilibre entre ses intérêts politiques et les exigences de l’Église orthodoxe.​

B; Les répercussions sur la chrétienté

Les tensions entre l’Église orthodoxe et l’Église catholique romaine eurent des répercussions profondes sur la chrétienté.​ Le schisme entraîna une division durable entre les chrétiens d’Orient et d’Occident, entraînant une perte d’unité et de cohésion au sein de la communauté chrétienne. Les différences théologiques et ecclésiastiques se cristallisèrent, créant des barrières entre les deux Églises. Les conséquences furent également politiques, car l’empire byzantin et les royaumes occidentaux développèrent des stratégies distinctes pour répondre aux menaces extérieures, affaiblissant ainsi la chrétienté face aux défis communs.​

VI. Conséquences du schisme

Le schisme oriental a entraîné une division durable de la chrétienté, avec des conséquences profondes sur l’Église orthodoxe et l’Église catholique romaine, ainsi que sur l’histoire de l’Europe.

A.​ La division de la chrétienté

La rupture de 1054 a entraîné une division durable de la chrétienté, qui a perduré jusqu’à aujourd’hui.​ L’Église orthodoxe, dirigée par le patriarche de Constantinople, s’est détachée de l’Église catholique romaine, placée sous l’autorité pontificale du pape de Rome.​ Cette scission a créé deux branches distinctes du christianisme, chacune avec sa propre hiérarchie, ses propres traditions et ses propres pratiques liturgiques.​ La division de la chrétienté a également eu des conséquences politiques et culturelles importantes, contribuant à façonner l’identité de l’Europe et du monde méditerranéen.​

B.​ Les conséquences pour l’Église orthodoxe et l’Église catholique romaine

Le schisme a eu des conséquences profondes pour les deux Églises.​ L’Église orthodoxe a perdu son influence en Occident et a dû adapter ses structures et ses pratiques à la nouvelle situation.​ Elle a également dû faire face à la perte de territoires et de ressources.​ L’Église catholique romaine, quant à elle, a renforcé son autorité et son influence en Occident, mais a également perdu une grande partie de son influence en Orient.​ Les deux Églises ont également vu leur théologie et leur pratique liturgique évoluer de manière distincte, creusant ainsi le fossé entre elles.

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