I. Introduction
Oliver Cromwell, figure emblématique de l’histoire anglaise, fut un homme d’État, un militaire et un révolutionnaire qui marqua profondément son époque.
Par son rôle clave dans la Glorieuse Révolution, il contribua à l’émergence d’un gouvernement républicain et à l’abolition de la monarchie en Angleterre.
A. Contexte historique
Le XVIIe siècle anglais est marqué par une crise politique et religieuse profonde. Les tensions entre les Anglicans et les Puritains s’exacerbent, tandis que le Parlement et la monarchie s’affrontent sur les questions de pouvoir et de gouvernance.
La lignée des Stuart, avec Charles Ier, tente de renforcer l’autorité royale, mais les Parliamentarians, également appelés Roundheads, résistent à cette centralisation du pouvoir.
Ce contexte de conflit ouvre la voie à la Guerre civile anglaise, qui va déchirer le pays pendant près d’une décennie et donner naissance à un nouveau régime politique, l’Interregnum.
II. Biographie d’Oliver Cromwell
Oliver Cromwell, né le 25 avril 1599 à Huntingdon, dans le Cambridgeshire, est issu d’une famille de gentry anglaise de modeste fortune.
A. Enfance et jeunesse
Oliver Cromwell passa son enfance à Huntingdon, où il reçut une éducation classique au Sidney Sussex College de Cambridge.
Cependant, il quitta l’université sans obtenir de diplôme et retourna à Huntingdon pour s’occuper des affaires familiales.
En 1620, il épousa Elizabeth Bourchier, fille d’un marchand londonien, avec qui il eut neuf enfants.
Durant cette période, Cromwell développa une forte foi puritaine, qui influença grandement sa vision politique et sociale.
Cette foi le poussa à s’intéresser à la politique locale et à prendre parti pour les Puritains, qui réclamaient une réforme de l’Église anglicane.
B. Débuts politiques
En 1628, Cromwell fut élu député de Huntingdon au Parlement anglais, où il se rangea du côté des Parliamentarians.
Il devint rapidement un fervent défenseur des droits du Parlement face à la monarchie, soutenant les réformes proposées par les Puritains.
En 1640٫ il fut réélu député٫ cette fois-ci pour la circonscription de Cambridge٫ et participa activement aux débats parlementaires.
Cromwell se distingua comme un orateur passionné et convaincant, ce qui lui valut une certaine notoriété parmi ses pairs.
Ses prises de position contre la monarchie et en faveur des réformes religieuses le firent considérer comme un leader naturel parmi les Roundheads.
III. Les Guerres Civiles
Les Guerres Civiles anglaises, qui opposèrent les Royalistes aux Parliamentarians, furent un tournant décisif dans l’histoire d’Oliver Cromwell et de l’Angleterre.
A. La Première Guerre Civile (1642-1646)
Dans le contexte de l’opposition entre le roi Charles I et le Parlement, Oliver Cromwell se rangea aux côtés des Parliamentarians, également appelés Roundheads.
Il participa à la Bataille de Edgehill en 1642٫ puis à celle de Marston Moor en 1644٫ où les forces parlementaires remportèrent une victoire décisive.
Cromwell se distingua par son courage et ses compétences militaires, ce qui lui valut d’être nommé lieutenant-général des forces parlementaires en 1644.
La Première Guerre Civile se termina en 1646 par la défaite des Royalistes et la capture du roi Charles I.
B. La Seconde Guerre Civile (1648-1649)
La Seconde Guerre Civile éclata en 1648٫ lorsque le roi Charles I٫ détenu par les Parliamentarians٫ tenta de fuir et de rallumer la flamme de la rébellion royaliste.
Cromwell, déterminé à mettre fin à la résistance royaliste, mena les forces parlementaires à la victoire lors de la Bataille de Preston en 1648.
La prise de Colchester et la reddition des dernières troupes royalistes mirent fin à la guerre en 1649.
Le procès et l’exécution de Charles I en janvier 1649 marquèrent un tournant dans l’histoire anglaise, mettant fin à la monarchie absolue et ouvrant la voie à l’établissement d’une république.
IV. L’Interregnum et le Commonwealth
L’Interregnum, période de onze ans sans monarque, vit l’émergence d’un gouvernement républicain, le Commonwealth d’Angleterre, sous la direction d’Oliver Cromwell.
Ce régime républicain expérimental fut marqué par une série de réformes politiques et religieuses.
A. Le Lord Protector
En 1653, Oliver Cromwell devint Lord Protector d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande, titre créé spécifiquement pour lui, après la dissolution du Parlement.
Cette fonction lui conféra un pouvoir quasi-absolu, mais Cromwell s’efforça de gouverner avec modération, cherchant à concilier les intérêts des différents partis.
Sa politique intérieure fut marquée par des réformes judiciaires et administratives, ainsi que par la promotion de la tolérance religieuse.
Mais sa politique étrangère fut plus controversée, notamment en raison de ses ambitions expansionnistes et de ses conflits avec les Pays-Bas et l’Espagne.
B. La République anglaise
L’instauration de la République anglaise, également connue sous le nom de Commonwealth d’Angleterre, marque un tournant décisif dans l’histoire de l’Angleterre.
Cette expérience républicaine, née de la régicide de Charles I en 1649, fut la première du genre en Europe.
Le nouveau régime, basé sur les principes du puritanisme et du républicanisme, visa à établir un gouvernement représentatif et élu.
Cependant, la République anglaise fut marquée par des tensions internes et des luttes de pouvoir, notamment entre les Parliamentarians et les Puritains, qui fragilisèrent son fonctionnement.
V. Les Campagnes militaires
Les campagnes militaires d’Oliver Cromwell, menées en Écosse et en Irlande, furent marquées par des victoires décisives et une stratégie militaire efficace.
A. La Campagne écossaise
La campagne écossaise d’Oliver Cromwell, qui eut lieu de 1650 à 1651٫ fut une série de batailles menées contre les royalistes écossais et les forces anglaises loyalistes au roi Charles II.
Cromwell, à la tête de l’armée du Parlement, remporta une victoire décisive à la Bataille de Dunbar en septembre 1650, ce qui lui permit de contrôler une grande partie de l’Écosse.
La campagne se poursuivit avec la prise de la ville d’Edinburgh et la défaite des royalistes à la Bataille de Worcester en 1651, ce qui mit fin à la résistance écossaise.
B. La Campagne irlandaise
La campagne irlandaise d’Oliver Cromwell, qui eut lieu de 1649 à 1653, fut une expédition militaire visant à soumettre l’Irlande, alors contrôlée par les royalistes et les catholiques.
Cromwell, à la tête de l’armée du Parlement, débarqua en Irlande en août 1649 et remporta rapidement plusieurs victoires, notamment à la prise de Drogheda et Wexford.
Les méthodes brutales employées par Cromwell et ses troupes, notamment les massacres de civils, ont laissé un héritage de ressentiment en Irlande et contribué à forger une image controversée de Cromwell dans l’histoire.
VI. Mort et héritage
Oliver Cromwell mourut le 3 septembre 1658, après une longue maladie, laissant derrière lui un héritage complexe et controversé.
Son corps fut inhumé dans l’abbaye de Westminster, mais exhumé et pendu en 1661, après la Restauration.
A. La mort d’Oliver Cromwell
Oliver Cromwell mourut le 3 septembre 1658, à l’âge de 59 ans, après une longue maladie qui l’avait affaibli pendant plusieurs mois.
Les causes de sa mort sont encore débattues par les historiens, mais il est probable qu’il ait succombé à une infection pulmonaire ou à une fièvre maligne.
La nouvelle de sa mort fut accueillie avec une grande tristesse par ses partisans, qui le considéraient comme un héros et un défenseur de la cause républicaine.
En revanche, les royalistes et les adversaires de Cromwell virent dans sa mort un signe de la justice divine et une occasion de se réjouir de la chute de l’homme qui avait fait exécuter le roi Charles Ier.
B. L’héritage de Cromwell
L’héritage d’Oliver Cromwell est complexe et controversé, reflétant les opinions divergentes sur son rôle dans l’histoire anglaise.
Certains le considèrent comme un héros qui a défendu les principes de la liberté et de la démocratie, tandis que d’autres le voient comme un tyran qui a imposé sa volonté par la force.
Néanmoins, il est indéniable que Cromwell a laissé un impact durable sur l’histoire anglaise, notamment en établissant le premier gouvernement républicain de l’île.
Son héritage continue de susciter débats et réflexions, notamment sur la nature de la démocratie et de la république, ainsi que sur le rôle de l’État dans la société;