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L’expérience d’Asch ⁚ introduction

L’expérience d’Asch est une célèbre étude en psychologie sociale menée par Solomon Asch en 1951, visant à explorer la conformité et l’influence sociale dans un contexte expérimental.​

Contexte et but de l’expérience

L’expérience d’Asch s’inscrit dans le contexte de l’après-guerre, où la question de la conformité et de l’influence sociale prend une importance particulière.​ Dans les années 1950, les États-Unis sont marqués par une grande homogénéité culturelle et sociale, ce qui rend cette question encore plus pertinente.​ Le but de l’expérience est de comprendre comment les individus réagissent face à une majorité qui défend une opinion contraire à la leur.​ Asch cherche à identifier les facteurs qui influencent la prise de décision individuelle et à comprendre pourquoi les personnes préfèrent souvent suivre la majorité plutôt que de s’en tenir à leur propre jugement.​

Le rôle de Solomon Asch dans la psychologie sociale

Solomon Asch est considéré comme l’un des pionniers de la psychologie sociale.​ Né en 1907 à Varsovie, en Pologne, il émigre aux États-Unis en 1920 et poursuit des études de psychologie à l’Université Columbia.​ Asch est intéressé par la façon dont les individus interagissent et influencent les uns les autres.​ Ses recherches portent sur la perception, la cognition et la prise de décision, mais c’est son expérience sur la conformité qui le rendra célèbre.​ Asch est également connu pour ses travaux sur la théorie de la Gestalt et sa contribution à la compréhension de la perception visuelle.​ Sa carrière scientifique s’étale sur plus de cinquante ans, durant lesquels il publie de nombreux articles et ouvrages sur la psychologie sociale.​

Les bases théoriques de l’expérience

Les bases théoriques de l’expérience d’Asch reposent sur la compréhension de l’influence sociale, de la conformité et de la prise de décision dans un contexte de groupe;

L’influence sociale et la conformité

L’influence sociale et la conformité sont deux concepts clés qui sous-tendent l’expérience d’Asch.​ L’influence sociale se définit comme la modification du comportement ou de la croyance d’un individu en réponse à la présence réelle ou imaginaire d’autres personnes.​ La conformité, quant à elle, désigne l’adoption des normes et des attitudes du groupe pour éviter la désapprobation ou la réjection. Dans le cas de l’expérience d’Asch, la conformité est observée lorsque les participants modifient leurs réponses pour se conformer à la majorité, même si cela signifie aller à l’encontre de leur perception personnelle.​ Cette expérience montre que l’influence sociale peut entraîner une modification de la réponse individuelle, même lorsque celle-ci est évidente.​

La distinction entre l’influence sociale normative et informationnelle

La distinction entre l’influence sociale normative et informationnelle est essentielle pour comprendre les mécanismes qui régissent la conformité.​ L’influence sociale normative se réfère à la tendance des individus à adopter les normes et les comportements du groupe pour éviter la désapprobation ou la réjection. Cette forme d’influence sociale est motivée par le désir d’appartenance et de statut social.​ D’un autre côté, l’influence sociale informationnelle se produit lorsque les individus utilisent les informations fournies par les autres pour former leur opinion ou prendre une décision.​ Dans l’expérience d’Asch, la majorité des participants ont manifesté une influence sociale normative, modifiant leurs réponses pour se conformer au groupe, plutôt que d’utiliser les informations fournies pour prendre une décision éclairée.​

L’obéissance à l’autorité et la pression du groupe

L’obéissance à l’autorité et la pression du groupe sont deux concepts clés qui entrent en jeu dans l’expérience d’Asch.​ La pression du groupe se réfère à la tendance des individus à se conformer aux attentes du groupe, même si cela signifie aller à l’encontre de leurs propres croyances ou opinions. L’obéissance à l’autorité, quant à elle, est la tendance à obéir aux instructions ou aux demandes d’une personne perçue comme ayant une autorité légitime.​ Dans l’expérience d’Asch, la pression du groupe a été exercée par la majorité des participants qui ont donné une réponse erronée, tandis que l’obéissance à l’autorité a été minimisée, car les participants n’avaient pas à obéir à des instructions explicites.​

La procédure de l’expérience

L’expérience d’Asch impliquait des groupes de 7 à 9 participants, dont un seul était un vrai participant, les autres étant des comparses instruits pour donner des réponses incorrectes.

Le matériel et les participants

Le matériel utilisé dans l’expérience d’Asch consistait en une série de cartes présentant des lignes de différentes longueurs.​ Les participants étaient des étudiants masculins de l’université Swarthmore, âgés de 18 à 22 ans.​ Ils étaient recrutés volontaires et ignoraient le véritable but de l’expérience. Au total, 123 participants ont pris part à l’étude. Les comparses, également des étudiants, avaient été briefés pour donner des réponses incorrectes lors de certaines séances.​ L’expérience a été menée dans un contexte contrôlé, avec un unique participant réel par groupe, afin d’éviter tout biais ou influence mutuelle.

La tâche et les instructions

Dans l’expérience d’Asch, les participants étaient placés dans des groupes de 7 à 9 personnes, dont seuls un ou deux étaient de vrais participants, les autres étant des comparses.​ La tâche consistait à comparer la longueur de trois lignes présentées sur des cartes avec une ligne de référence. Les participants devaient indiquer à haute voix laquelle des trois lignes correspondait à la ligne de référence.​ Les instructions données étaient simples et claires ⁚ il s’agissait de donner une réponse honnête et individuelle, sans aucune discussion ni concertation avec les autres membres du groupe.​ Les comparses donnaient leurs réponses avant le participant réel, créant ainsi une situation de pression sociale qui influençait la réponse du participant.

Les résultats de l’expérience

Les résultats de l’expérience d’Asch montrent que près de 75% des participants ont cédé à la pression du groupe au moins une fois, démontrant l’importance de l’influence sociale dans la prise de décision.​

Les chiffres clés et les conclusions

Les résultats de l’expérience d’Asch ont révélé des chiffres clés qui ont permis de tirer des conclusions importantes sur la nature de la conformité et de l’influence sociale.​ En effet, 37% des participants ont cédé à la pression du groupe pour toutes les épreuves, tandis que 24% n’ont jamais cédé.​ Les résultats ont également montré que la présence d’un seul autre participant qui résistait à la pression du groupe pouvait réduire significativement le taux de conformité.​ Ces résultats ont permis de conclure que l’influence sociale peut avoir un impact significatif sur la prise de décision, même lorsque les individus sont confrontés à une évidence manifeste qui contredit leur jugement personnel.​

L’impact de l’expérience sur la compréhension de la conformité et de l’influence sociale

L’expérience d’Asch a eu un impact considérable sur la compréhension de la conformité et de l’influence sociale.​ Elle a démontré que les individus peuvent être influencés par les autres, même lorsqu’ils savent que leur jugement est correct.​ Cette découverte a permis de mieux comprendre les mécanismes sous-jacents à la conformité et à l’influence sociale, notamment le rôle de la normative et de l’influence informationnelle.​ L’expérience d’Asch a également mis en évidence l’importance de la majorité et de l’obéissance à l’autorité dans la prise de décision.​ Ces résultats ont eu des implications importantes dans divers domaines, tels que la psychologie sociale, la sociologie et la science politique.​

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