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Langues vernaculaires ⁚ ce qu’elles sont, histoire, littérature vernaculaire

Les langues vernaculaires, également appelées langues populaires ou langues folkloriques, désignent les langues parlées au quotidien par une communauté, souvent à côté d’une langue officielle ou liturgique.​

Définition et caractéristiques

Les langues vernaculaires se définissent comme des systèmes linguistiques complexes, dotés d’une grammaire, d’un vocabulaire et d’une phonologie propres, qui émergent spontanément au sein d’une communauté.​

Ils présentent certaines caractéristiques spécifiques, telles que l’oralité, la spontanéité et la créativité, qui les distinguent des langues officielles ou savantes.

Ces langues sont souvent marquées par une grande variabilité, avec des dialectes et des régionalismes qui reflètent l’histoire et la culture de la communauté qui les parle.​

Les langues vernaculaires jouent un rôle essentiel dans la construction de l’identité culturelle et sociale, permettant aux individus de s’exprimer et de communiquer de manière authentique et efficace.​

Histoire des langues vernaculaires

L’histoire des langues vernaculaires est longue et complexe, marquée par l’émergence, le développement et la transformation de ces langues au fil du temps et des contextes socioculturels.​

Les origines ⁚ langue maternelle et dialectes régionaux

Les langues vernaculaires ont leurs racines dans la langue maternelle, acquise dès l’enfance, et les dialectes régionaux, qui varient en fonction de la géographie et de la culture. La langue maternelle est la première langue apprise par un individu, souvent transmise par la famille et la communauté.​ Elle forme la base de la communication quotidienne et est souvent liée à l’identité culturelle et sociale. Les dialectes régionaux, quant à eux, sont des variantes de la langue maternelle qui se développent dans des régions spécifiques, influencés par l’histoire, la géographie et la culture locale.​

Ces deux concepts sont étroitement liés et interdépendants, car la langue maternelle est souvent le fondement des dialectes régionaux.​ Ensemble, ils contribuent à la richesse et à la diversité des langues vernaculaires, qui reflètent la complexité et la variété des cultures et des sociétés.​

L’émergence de la linguistique descriptive

L’émergence de la linguistique descriptive au XVIe siècle marque un tournant dans l’étude des langues vernaculaires. Les linguistes commencent à s’intéresser à la description systématique des langues, plutôt que simplement à leur prescription.​ Cette approche nouvelle permet de mieux comprendre les structures et les mécanismes des langues vernaculaires, ainsi que leurs variations régionales et sociales.

Les travaux de William Caxton, Antonio de Nebrija et d’autres pionniers de la linguistique descriptive ont contribué à l’établissement de normes orthographiques et grammaticales pour les langues vernaculaires.​ Cela a permis de standardiser la représentation écrite des langues et de faciliter leur diffusion.​ La linguistique descriptive a ainsi joué un rôle clé dans la reconnaissance et la valorisation des langues vernaculaires, qui sont désormais considérées comme des systèmes linguistiques à part entière.​

Les langues vernaculaires au Moyen Âge

Au Moyen Âge, les langues vernaculaires jouent un rôle essentiel dans la vie quotidienne des populations.​ Elles sont utilisées dans les échanges commerciaux, les récits oraux, les chants et les contes.​ Les langues vernaculaires sont également employées dans les cours royales et seigneuriales, où elles servent de moyen de communication entre les nobles et leurs vassaux.​

Cependant, les langues vernaculaires sont souvent considérées comme inférieures au latin, langue de l’Église et de la culture savante.​ Les textes littéraires et religieux sont majoritairement rédigés en latin, tandis que les langues vernaculaires sont réservées à l’oralité et à la transmission populaire.​ Malgré cela, les langues vernaculaires continuent de se développer et de se diversifier, préparant le terrain pour l’émergence de la littérature vernaculaire à partir du XIIe siècle.​

La Renaissance littéraire et la promotion des langues vernaculaires

Avec la Renaissance, les langues vernaculaires connaissent une nouvelle ère de développement et de reconnaissance.​ Les écrivains et les poètes de cette période, tels que Rabelais, Du Bellay et Joachim du Bellay, contribuent à légitimer l’usage des langues vernaculaires dans la littérature.​

Ils défendent l’idée que les langues vernaculaires sont capables d’exprimer les mêmes idées et les mêmes émotions que le latin, et qu’elles doivent être valorisées et promues comme moyen d’expression littéraire.​ C’est ainsi que naît une littérature vernaculaire qui célèbre la beauté et la richesse des langues populaires.​

Cette promotion des langues vernaculaires permet également l’émergence de nouveaux genres littéraires, tels que la poésie lyrique et la satire, qui trouveront leur place dans la littérature moderne.​

Les formes de langues vernaculaires

Les langues vernaculaires se manifestent sous diverses formes, notamment le patois, l’argot, les créoles, les pidgins, ainsi que les langages informels et les dialectes régionaux, qui varient en fonction des contextes sociaux et géographiques.​

Patois, argot, créoles et pidgins ⁚ les langages informels

Les langages informels, tels que le patois, l’argot, les créoles et les pidgins, sont des formes de langues vernaculaires qui émergent dans des contextes spécifiques, tels que les communautés marginales, les groupes sociaux ou les régions géographiques isolées.

Ces langages informels se caractérisent par leur flexibilité et leur adaptabilité, permettant aux locuteurs de communiquer de manière efficace dans des situations particulières.​

Le patois, par exemple, est un langage hybride qui combine des éléments de différentes langues, tandis que l’argot est un langage secret utilisé par des groupes sociaux spécifiques.​

Les créoles et les pidgins, quant à eux, sont des langages qui émergent dans des contextes de contact entre différentes cultures et langues, souvent dans des situations coloniales ou commerciales.​

L’importance de l’oralité et de la tradition orale

L’oralité et la tradition orale jouent un rôle central dans la transmission et la préservation des langues vernaculaires.​

Ces langues, souvent transmises de génération en génération par voie orale, reposent sur la mémoire collective et la tradition.​

L’oralité permet aux locuteurs de partager des histoires, des légendes, des chants et des proverbes qui font partie intégrante de leur héritage culturel.​

La tradition orale est également un moyen de préserver l’identité culturelle et linguistique des communautés, en particulier dans les contextes où la langue vernaculaire est menacée par la dominance d’une langue officielle ou majoritaire.​

Enfin, l’oralité et la tradition orale permettent de préserver la richesse et la diversité des langues vernaculaires, en favorisant l’émergence de nouvelles formes d’expression et de création.​

La littérature vernaculaire

La littérature vernaculaire, issue des langues populaires, se caractérise par une grande diversité de genres et de styles, reflétant la richesse culturelle et linguistique des communautés qui la produisent.​

L’épopée médiévale et la chanson de geste

L’épopée médiévale et la chanson de geste constituent deux genres littéraires emblématiques de la littérature vernaculaire du Moyen Âge.​ Ces œuvres, écrites en langue vernaculaire, célébrèrent les exploits héroïques des chevaliers et des rois, transmettant ainsi les valeurs et les légendes de la noblesse médiévale.​

La Chanson de Roland, composée au XIe siècle, est l’un des exemples les plus célèbres de cette littérature.​ Cette épopée relate les combats du héros Roland contre les Sarrasins et met en valeur la bravoure et la loyauté du chevalier.​ Les chansons de geste, quant à elles, furent chantées par les trouvères et les ménestrels dans les cours royales et les salles des châteaux.​

Ces genres littéraires ont contribué à fixer l’imaginaire collectif de l’époque et ont laissé un héritage durable dans la littérature et la culture occidentales.​

Le roman courtois et la littérature de cour

Le roman courtois et la littérature de cour, qui émergèrent au XIIe siècle, marquèrent un tournant décisif dans la littérature vernaculaire médiévale.​ Ces œuvres, écrites en langue vernaculaire, ciblaient une audience aristocratique et urbaine, cultivée et raffinée.

Les romans courtois, tels que ceux de Chrétien de Troyes, mettaient en scène des histoires d’amour et d’aventure, où les héros étaient des chevaliers parfaitement vertueux et galants.​ La littérature de cour, quant à elle, comprenait des poèmes lyriques, des chansons et des contes, qui célébraient l’amour, la beauté et la courtoisie.​

Ces genres littéraires ont contribué à promouvoir les valeurs de la courtoisie et de l’amour courtois, qui devinrent des références pour la noblesse et la bourgeoisie urbaine.​

La Renaissance littéraire et la naissance de la littérature moderne

La Renaissance littéraire du XVIe siècle marque un tournant décisif dans l’histoire de la littérature vernaculaire.​ C’est pendant cette période que les langues vernaculaires, telles que le français, l’italien et l’espagnol, deviennent des instruments littéraires majeurs.​

Les écrivains de la Renaissance, tels que Rabelais et Montaigne en France, Petrarch et Boccace en Italie, et Cervantès en Espagne, utilisent les langues vernaculaires pour créer des œuvres littéraires nouvelles et innovantes.​

Cette ère voit également l’émergence de nouvelles formes littéraires, telles que la satire, la comédie et le roman réaliste, qui contribuent à la naissance de la littérature moderne.​ La Renaissance littéraire consacre ainsi les langues vernaculaires comme des langues littéraires à part entière.​

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