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I. Introduction

Le Traité de Sèvres, signé en 1920, constitue un événement majeur de l’histoire contemporaine, marquant la fin de l’Empire ottoman et l’émergence de la République turque moderne.​

A. Contexte historique

Le Traité de Sèvres s’inscrit dans le contexte de la fin de la Première Guerre mondiale, qui a vu l’Empire ottoman s’allier aux puissances centrales et subir une défaite cuisante.​ Les conséquences de cette défaite sont multiples ⁚ l’Empire ottoman est exsangue, son économie est ruinée et son armée est décimée.​ La communauté internationale, sous l’impulsion des puissances alliées, cherche à redessiner la carte du Moyen-Orient et à créer de nouveaux États-nations.​ C’est dans ce contexte que le Traité de Sèvres est signé, avec pour objectif de mettre fin à l’Empire ottoman et de créer de nouvelles entités étatiques.​

II.​ Le contexte de la signature du Traité de Sèvres

La signature du Traité de Sèvres intervient dans un contexte géopolitique complexe, marqué par la fin de la Première Guerre mondiale et les ambitions contradictoires des puissances alliées.

A.​ La fin de la Première Guerre mondiale

La Première Guerre mondiale prend fin le 11 novembre 1918 avec l’armistice de Compiègne٫ suivi de la signature du Traité de Versailles en juin 1919.​ L’Empire ottoman٫ allié des puissances centrales٫ est contraint de signer l’armistice de Moudros le 30 octobre 1918٫ mettant fin à sa participation au conflit.​ La défaite de l’Empire ottoman entraîne une crise politique et économique profonde٫ créant un vide de pouvoir que les puissances alliées entendent combler. Les Alliés٫ notamment la Grande-Bretagne٫ la France et la Grèce٫ ont des intérêts stratégiques et économiques importants dans la région et cherchent à s’assurer du contrôle de l’Anatolie et des détroits du Bosphore et des Dardanelles.​

B.​ Les ambitions des puissances alliées

Les puissances alliées, notamment la Grande-Bretagne, la France et la Grèce, nourrissent des ambitions territoriales et économiques importantes dans la région.​ La Grande-Bretagne cherche à établir un contrôle sur les détroits du Bosphore et des Dardanelles, garantissant ainsi la sécurité de ses communications avec l’Inde et l’Asie.​ La France, quant à elle, ambitionne de créer un protectorat sur la Syrie et le Liban, tout en maintenant une influence sur la Turquie.​ La Grèce, qui a déjà occupé Smyrne en 1919٫ cherche à élargir son territoire en Anatolie٫ profitant de la faiblesse de l’Empire ottoman.​

III.​ Les clauses du Traité de Sèvres

Le Traité de Sèvres est composé de 433 articles, divisés en 14 parties, qui définissent les nouvelles frontières de la Turquie et les statuts des minorités ethniques et religieuses.​

A. La partition de l’Anatolie

La partition de l’Anatolie était l’une des clauses les plus controversées du Traité de Sèvres.​ Selon ce traité, l’Anatolie était divisée en plusieurs zones d’influence, attribuées aux puissances alliées.​ La Grèce recevait la région de Smyrne, tandis que l’Italie obtenait la région d’Antalya.​ Les Français et les Britanniques se partageaient le reste de l’Anatolie, y compris les régions stratégiques de Constantinople et des Dardanelles.​ Cette partition avait pour but de satisfaire les ambitions territoriales des puissances alliées et de mettre fin à la présence ottomane en Anatolie.​ Cependant, cette décision a été vivement contestée par les nationalistes turcs, qui voyaient dans cette partition une menace pour l’intégrité territoriale de leur pays.

B.​ La création d’un État kurde

Le Traité de Sèvres prévoyait également la création d’un État kurde autonome dans le sud-est de l’Anatolie.​ Cette décision était motivée par la nécessité de protéger les minorités kurdes et chrétiennes de la région, qui avaient souffert pendant la Première Guerre mondiale.​ Les Kurdes, qui représentaient une importante minorité ethnique dans l’Empire ottoman, avaient toujours revendiqué leur autonomie et leur droit à l’autodétermination.​ Cependant, la création d’un État kurde a été perçue comme une menace par les nationalistes turcs, qui voyaient dans cette décision une fragmentation de leur territoire et une perte de leur souveraineté.​

IV.​ La réaction turque

La signature du Traité de Sèvres a provoqué une réaction virulente de la part des nationalistes turcs, menés par Mustafa Kemal Atatürk, qui refusaient tout projet de partition de l’Anatolie.

A. La naissance du mouvement national turc

La défaite de l’Empire ottoman lors de la Première Guerre mondiale a créé un vacuum politique qui a permis l’émergence d’un mouvement national turc.​ Mustafa Kemal Atatürk, un officier ottoman ayant combattu lors de la guerre, a pris la tête de ce mouvement.​ Il a organisé le Congrès d’Erzurum en juillet 1919, où il a appelé à la résistance contre l’occupation étrangère et à la défense de l’intégrité territoriale de l’Anatolie. Ce congrès a marqué le début de la lutte pour l’indépendance turque et a jeté les bases du mouvement national turc.

B. La guerre d’indépendance turque

La guerre d’indépendance turque, qui a duré de 1919 à 1923٫ a été une période de conflits sanglants entre les forces nationalistes turques et les armées grecque et arménienne.​ La bataille de Sakarya en août 1921 a marqué un tournant décisif dans le conflit٫ avec la victoire des forces turques.​ La suivante٫ la bataille de Dumlupinar en septembre 1922٫ a amené les Grecs à évacuer l’Anatolie.​ Les Arméniens ont également été défaits٫ mettant fin à leurs espoirs d’établir un État indépendant. Cette guerre a permis à la Turquie de récupérer son territoire et d’établir sa souveraineté.​

V.​ Les conséquences du Traité de Sèvres

Le Traité de Sèvres a entraîné des conséquences dramatiques pour l’Empire ottoman, amorçant son déclin et ouvrant la voie à la fondation de la République turque moderne.​

A.​ L’effondrement de l’Empire ottoman

L’effondrement de l’Empire ottoman est une conséquence directe du Traité de Sèvres.​ Ce dernier a établi les termes d’un partage de l’Empire entre les puissances alliées, mettant ainsi fin à la souveraineté ottomane sur ses territoires.​ Les clauses du traité ont entraîné la perte de nombreux territoires, y compris la région de Smyrne, occupée par la Grèce, et la création d’un État arménien indépendant.​ L’Empire ottoman, déjà affaibli par les pertes de la Première Guerre mondiale, n’a pas pu résister à cette nouvelle menace et a commencé à se désintégrer.​ Cet effondrement a ouvert la voie à la fondation de la République turque moderne, qui allait prendre la relève de l’Empire ottoman.​

B.​ Le déplacement des populations

Le Traité de Sèvres a également entraîné un important déplacement de populations.​ Les clauses du traité prévoyaient la création d’un État arménien indépendant et d’un État kurde autonome, ce qui a entraîné la fuite de millions de personnes de leurs foyers.​ Les Grecs et les Arméniens ont été expulsés de leurs territoires ancestraux, tandis que les Turcs et les Kurdes ont été contraints de fuir vers l’est.​ Ce déplacement massif de populations a entraîné une grande souffrance humaine et des pertes importantes en vies humaines.​ Les conséquences démographiques de ce déplacement ont également eu un impact durable sur la composition ethnique de la région.

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